[Initialement publié en Avril 2016 par Bruno Spagnoli]
Beaucoup de pratiquants de l’hypnose se posent fréquemment la question de la « réceptivité ». Untel est-il « réceptif » ou non à l’hypnose ? Qui peut être hypnotisé ? Tout le monde peut-il l’être ou seulement quelques-uns ?
A cette question s’ajoute souvent celle de la profondeur de l’hypnose, quelqu’un de très « réceptif » étant supposé capable d’entrer dans une hypnose profonde, au contraire de quelqu’un de peu « réceptif ».
Dans cet article, je vais m’attacher à clarifier ces questions, dans le contexte de jeunes étudiants âgés d’environ 20 ans, en m’appuyant sur les premières expériences faites par Milton Erickson (1901-1980), qui, en plus d’être un thérapeute exceptionnel, était aussi un chercheur passionné.
Réceptivité vs. Compétence
Un premier point important est de réaliser que le terme « réceptivité » est mal adapté, car il présuppose une vision de l’hypnose complètement dépassée. Il implique que le sujet serait une sorte de récepteur à quelque chose que l’hypnotiseur lui enverrait. Ce dernier serait l’acteur du processus, envoyant ses suggestions (ou son « magnétisme animal », si on était au XVIIIe siècle) à un pauvre sujet complètement passif, qui n’aurait d’autre choix que de les recevoir – s’il est « réceptif » – ou au contraire d’y être imperméable.
Cette vision était encore dominante du temps de la jeunesse d’Erickson, lorsqu’il était étudiant en médecine à l’Université du Wisconsin, dans les années 1920. Un des pères fondateurs de la psychologie expérimentale, le professeur Clark Hull, y défendait cette vision centrée sur l’opérateur, et s’acharnait à essayer de mettre au point des protocoles standardisés d’induction de l’hypnose, ne tenant pas compte du sujet ou du contexte.
Un des grands apports d’Erickson a été de comprendre très tôt que l’hypnose était avant tout un ensemble de processus internes au sujet, et que la mise en place d’un état hypnotique consistait uniquement à emmener le sujet à utiliser et à mettre en œuvre ces processus par lui-même. Il s’opposait de manière parfois assez marquée avec Clark Hull sur cette question, et on prend plaisir à imaginer l’étudiant qu’était alors Erickson contredire de manière virulente le célèbre professeur, considéré à l’époque comme un expert incontournable.
Dans la suite de cet article, nous adopterons donc la notion de « compétence » plutôt que celle de « réceptivité », afin de désigner la capacité d’un sujet à développer un état hypnotique.
L’hypnose et les « niveaux de transe »
Il nous faut maintenant adopter une définition, même simplifiée, de ce que nous entendons par hypnose. Les esprits s’agitent sur cette question depuis deux siècles, et je me garderai bien de rouvrir le débat ici. Pour le contexte de cet article, je me bornerai à la définition opérationnelle suivante :
« L’hypnose est un état psychologique particulier caractérisé par la survenue et le développement dans des proportions importantes de comportements de suggestion habituellement absents de l’état normal »
Le sens du terme « suggestion » est ici différent du sens commun. Par « suggestion », nous entendons le processus de développement naturel d’une idée en acte, sans que celle-ci ne rencontre d’obstacles d’ordre volontaire ou conscient. Pour des explications plus détaillées, voir l’article écrit par Gabriel Ducrocq.
Il devient ensuite naturel de chercher à classifier les états hypnotiques en différents niveaux de profondeur, suivant la quantité ou la complexité des phénomènes de suggestion présents. Ces phénomènes sont ceux que l’on nomme habituellement « phénomènes hypnotiques ».
Dans le contexte de ses premières expériences1, Erickson distinguait les niveaux de transe légère, moyenne et profonde (ou « somnambulique »). La vision d’Erickson sur ces questions s’est affinée au cours de sa carrière, mais les premières définitions qu’il a données contenaient déjà l’essentiel :
- La transe est légère en présence d’activité idéomotrice développée, mais avec pleine conscience et souvenir du sujet. Les suggestions de mouvements moteurs s’accomplissent involontairement (i.e. on a effectivement affaire à des suggestions autonomes et non à un processus volontaire), mais l’orientation générale à la réalité environnante reste à peu près normale
- La transe est moyenne lorsque des phénomènes supplémentaires d’altération de la perception de la réalité se mettent en place, notamment des amnésies spontanées, partielles ou sélectives des phénomènes ayant eu lieu
- La transe est profonde, ou somnambulique, en cas d’amnésie spontanée totale des phénomènes ayant eu lieu. En général, le sujet sortant de la transe profonde réagit comme si l’intervalle de temps de l’expérience hypnotique n’avait jamais existé, et pense encore être dans l’instant précédent. L’orientation générale à la réalité durant la phase somnambulique est en général fortement altérée, avec notamment le développement fréquent d’une électivité (ignorance des stimuli extérieurs à l’opérateur et à la situation hypnotique, par exemple les personnes autour ne sont plus perçues par le sujet), ainsi que différentes altérations de type hallucinatoire (perception de stimuli, visuels, auditifs, etc. inexistants), temporelle (régression dans le passé), etc.
Ces définitions peuvent bien sûr être critiquées, notamment sur le fait que le seul critère d’amnésie soit retenu. On peut en effet parfois assister à la présence de phénomènes assez complexes, tels que l’anesthésie, sans pour autant avoir nécessairement d’amnésie. Erickson décrira d’ailleurs durant sa carrière de nombreux cas de « transe profonde » avec phénomènes complexes, sans amnésie totale systématique.
Je trouve néanmoins ces définitions très pratiques, car le critère d’amnésie permet généralement, en pratique, de caractériser une dissociation importante, en particulier un début de développement d’une « entité autonome », indépendante de la conscience ordinaire. La présence de cette entité permet dans une certaine de mesure de faire le lien entre ces définitions et la vision développée par Pierre Janet (1859-1947) dans « L’Automatisme Psychologique »2. Les travaux ultérieurs d’Erickson confirment d’ailleurs sa vision très « janétienne » et dissociative de l’hypnose.
Au-delà de ces définitions pratiques, il faut enfin noter que la transe profonde suivant la définition ci-dessus ne représente que le début de l’hypnose profonde. Des niveaux de compétence hypnotique bien plus profonds peuvent être atteints, avec en général à la clé la possibilité d’obtenir des phénomènes particulièrement complexes, tels que la cécité hypnotique, la distorsion du temps, etc. (tous phénomènes également étudiés par Erickson).
Ces niveaux de compétence hypnotique nécessitent en général un entraînement plus ou moins important du sujet, et ne sont pour ainsi dire jamais obtenus sur des sujets « naïfs », même naturellement doués.
L’entraînement à l’hypnose
Hormis ses premières expériences que nous allons relater plus loin, il faut savoir qu’Erickson conduisait la plupart de ses recherches sur des sujets longuement entraînés par ses soins. Cette situation contraste énormément avec les autres travaux effectués à la même époque par d’autres chercheurs, qui en général se contentaient d’un travail minimaliste sur leurs sujets, souvent convaincus qu’ils étaient, à l’instar de Clark Hull, qu’une procédure standardisée relativement rapide suffisait à induire un état d’hypnose satisfaisant.
La conséquence en était que maintes recherches effectuées dans ces conditions ne pouvaient conduire qu’à des résultats incohérents, contradictoires, ou simplement invalides, pour la simple raison qu’un état hypnotique réellement satisfaisant n’était que rarement obtenu. Il devenait donc possible de démontrer tout et son contraire, et impossible de distinguer les phénomènes réellement automatiques du reste.
Il faut donc mettre au crédit d’Erickson de s’être préoccupé très tôt de cette question, et d’avoir en conséquence développé des techniques d’entraînement de ses sujets extrêmement poussées. Il pouvait consacrer des dizaines d’heures à entraîner un sujet, pour l’emmener progressivement vers des phénomènes très complexes, dénués de tout caractère volontaire. Même en thérapie, Erickson pouvait consacrer plusieurs heures à seulement entraîner son sujet, avant de commencer tout travail thérapeutique.
Les états obtenus de cette manière sont clairement plus profonds que ce qu’un sujet, même naturellement très compétent, peut atteindre sans entraînement. Il est important de garder cela à l’esprit lorsqu’on ne travaille que quelques dizaines de minutes avec un sujet naïf (par exemple, en hypnose de rue, ou même en hypnose de cabinet si l’on se concentre tout de suite sur la thérapie, sans travailler spécifiquement l’hypnose). Les états obtenus dans ce dernier cas, même s’ils peuvent satisfaire aux critères techniques du somnambulisme tel que défini plus haut, restent des états qui sont au mieux relativement superficiels comparé à ce qu’Erickson pouvait obtenir en y consacrant le temps nécessaire. Malheureusement, nous n’avons qu’assez peu d’informations sur la manière dont il construisait ses longues séances d’entrainement.
Les premières expériences d’Erickson
Alors qu’il était étudiant en médecine à l’Université du Wisconsin dans les années 1920, Erickson faisait partie d’un groupe d’étudiants intéressés par l’hypnose. Ce groupe se réunissait régulièrement afin de discuter de la nature de l’hypnose, de procéder à des expériences ou démonstrations sur des volontaires du groupe, et enfin imaginer des protocoles expérimentaux qui permettraient de faire progresser la compréhension de l’hypnose.
À la suite de ces réflexions, un protocole expérimental fut imaginé puis mis en œuvre par Erickson sur un groupe de sujets recrutés au sein de son université (tous des étudiants). Ce protocole avait pour but de comparer les réactions des sujets lors de deux contextes différents. Le premier contexte ne faisait aucune référence à l’hypnose, et était présenté comme une étude sur « l’introspection ». Le deuxième contexte faisait lui explicitement référence à l’hypnose.
Il se trouve que l’utilisation de sujets « naïfs », sans entraînement préalable, nous donne un aperçu statistique intéressant de la proportion de sujets naturellement compétents, même si ce n’était pas le but premier de l’expérience.
Cette expérience est particulièrement intéressante car, à la différence des expériences basées sur les échelles de susceptibilité à l’hypnose – très en vogue dans les années 60 -, les phénomènes observés ici sont en grande partie spontanés et n’ont pas fait l’objet de suggestions explicites, ce qui permet d’éliminer le risque d’une simple complaisance de la part des sujets*.
Première partie de l’expérience
L’expérience a été menée sur un total de 63 sujets. Le protocole était entièrement dactylographié sur une feuille de papier et était lu de manière identique à chaque sujet. Le document expliquait aux sujets qu’ils allaient participer à une étude sur le concept « d’introspection ». Aucune référence à l’hypnose n’était faite, ni avant, ni pendant l’expérience.
Après une brève introduction sur l’idée « d’introspection » (concept volontairement vague), le document explique ce que doivent faire les sujets, et que cela devrait prendre environ 1h-1h30. Le plus simple est de reproduire ici le texte original :
« Vous devez vous asseoir confortablement dans ce fauteuil, et regarder simplement droit devant vous. Les yeux ouverts, vous devez imaginer qu’il y a une petite table placée à droite (à gauche pour les gauchers) du fauteuil. Vos mains doivent reposer confortablement sur vos genoux. Sur cette petite table fictive, vous allez imaginer qu’il y a une grande coupe de fruits pleine de pommes, de poires, de bananes, de prunes, d’oranges, ou de toute autre sorte de fruit que vous aimez, mais ne tournez pas la tête pour regarder dans cette direction. Vous pouvez imaginer que tous ces fruits imaginaires sont à portée de votre main posée sur votre genou.
Ensuite, vous devez imaginer une table d’une hauteur normale posée sur le sol juste devant vous, suffisamment près pour que vous n’ayez qu’à vous pencher un peu en avant pour y poser quelque chose.
Maintenant, votre tâche consiste à vous asseoir dans le fauteuil en regardant droit devant vous et d’effectuer mentalement, étape par étape et dans l’ordre convenable, à un niveau mental seulement, les processus de pensée en jeu dans la tâche suivante : soulever votre main du genou, soulever le bras au-dessus du bras du fauteuil, sentir les mouvements du coude et de l’épaule, le mouvement sur le côté de votre bras, le léger mouvement de votre main vers le bas, le contact du fruit, repasser au-dessus du bras du fauteuil et ensuite le placer sur la table fictive devant vous. C’est tout ce que vous avez à faire, juste imaginer tout cela. Si vos yeux se fatiguent ou si vous pouvez mieux examiner vos processus de pensée les yeux fermés, alors fermez-les simplement. Vous devez vous attendre à faire des erreurs en franchissant chaque étape dans l’ordre correct, et vous devrez alors marquer une pause et réfléchir à rebours tout comme vous le feriez pour réciter l’alphabet (ou la comptine) à rebours, et il est tout à fait normal que vous fassiez des erreurs et que vous deviez revenir en arrière et recommencer [NDLR : la notion de réciter l’alphabet à l’envers avait été donnée préalablement aux sujet comme exemple « d’introspection »]. Prenez simplement votre temps et faites les choses soigneusement, en silence, en observant précisément chacun de vos processus de pensée. Si vous le souhaitez, je vais relire ces instructions (…) »
Les réactions des 63 sujets se sont classées suivant 3 catégories différentes :
- Groupe 1 : 18 sujets devinrent nerveux, demandèrent à ce que les instructions soient répétées, et finalement refusèrent l’expérience, la considérant sans intérêt. La plupart étaient étudiants en sciences et techniques (agriculture, ingénierie).
- Groupe 2 : 13 sujets développèrent de la peur, voire de la panique, et voulurent interrompre l’expérience pour se faire réconforter. Tous développèrent quantités de phénomènes spontanés tels que des mouvements involontaires, une sensation d’engourdissement, une vision floue, une fermeture incontrôlable des yeux.
- Groupe 3 : 32 sujets développèrent les phénomènes classiques de la transe hypnotique (modification de la respiration, mouvements idéomoteurs, etc.), mais poursuivirent l’expérience jusqu’à la fin. Beaucoup d’entre eux développèrent une hallucination spontanée de la coupe de fruits, et se mirent à accomplir réellement les gestes demandés, comme si les fruits étaient réellement présents. Certains demandèrent même à manger un fruit, à l’emporter chez eux, etc. La plupart de ces sujets ont dû être « réveillés » de leur transe par Erickson. Parmi eux, 12 sujets présentèrent une amnésie totale de l’expérience.
Si l’on s’en tient aux définitions données plus haut des niveaux de transe, on peut considérer à l’issue de cette expérience, faite sur des sujets non sélectionnés et non entraînés, les résultats suivants :
- Des états hypnotiques, allant de léger à somnambulique, se sont développés spontanément sur 13 + 32 = 45 sujets, soit 71% du total, sans faire aucune référence à l’hypnose et à l’aide d’un script unique
- 12 sujets, soit 19% du total, développèrent spontanément une transe somnambulique profonde (amnésie totale)
- Le reste des 32 sujets, soit 32 – 12 = 20 sujets, soit 32% du total, développèrent spontanément une transe au minimum moyenne (compte tenu des phénomènes observés)
Aucune transe (Groupe 1) |
Transe légère (Groupes 2+3) |
Transe moyenne (Groupe 3) |
Transe profonde (Groupe 3) |
|
Proportion |
29% |
<= 20% |
>= 32% |
19% |
Spécialité des étudiants |
Agriculture, ingénierie |
? |
? |
Littérature anglaise (1 étudiant rapporté) |
Deuxième partie de l’expérience
Trois mois plus tard, les sujets des groupes 1 et 2 (18+13 = 31 sujets) ont à nouveau été contactés pour une nouvelle expérience. Cette fois, l’hypnose fut explicitement évoquée, et tous les sujets sauf un acceptèrent de participer (soit 30 sujets).
L’expérience consistait simplement en de l’écriture automatique. Les sujets avaient pour instruction de regarder fixement un crayon jusqu’à ce que leur main le prenne et se mette à écrire involontairement.
10 sujets abandonnèrent l’expérience, les 20 restants développèrent tous un état de transe plus ou moins profond.
Par la suite, le groupe 3 fut lui aussi soumis à la même expérience, et pratiquement tous développèrent des transes somnambuliques.
Le tableau ci-dessous résume les différents niveaux de transe observés.
Groupe 1 |
Groupe 2 |
Groupe 3 |
||||||
Aucune transe |
Transe légère |
Transe moyenne |
Transe profonde |
Aucune transe |
Transe légère |
Transe moyenne |
Transe profonde |
Transe profonde |
61 % |
5 % |
17 % |
17 % |
0 % |
15 % |
54 % |
31 % |
~100 % |
Si l’on regroupe les différents niveaux de transe, on obtient les proportions globales suivantes pour la deuxième expérience :
Aucune transe |
Transe légère |
Transe moyenne |
Transe profonde |
|
Proportion globale (sur 63 sujets) |
17 % |
5 % |
16 % |
62 % |
Conclusion
Une fois définis des critères d’évaluation de l’état hypnotique, en particulier somnambulique, il est possible d’estimer objectivement la proportion de sujets naturellement compétents dans un groupe donné.
Les deux expériences rapportées ici ont été faites avec des sujets étudiants, recrutés au sein d’une université. Le recrutement de départ s’est fait sans évoquer l’hypnose, mais seulement une expérience de psychologie sur « l’introspection ».
Bien que rien ne prouve que ce recrutement ne comporte aucun biais, le fait que l’hypnose n’ait pas été mentionnée permet de penser que les sujets ne se sont pas « auto-sélectionnés » sur leur capacité hypnotique ou leur intérêt pour l’hypnose. Il est par contre clair que l’échantillon n’est en rien représentatif de l’ensemble de la population, puisque l’âge moyen des étudiants, la plupart en deuxième année, devait se situer autour des 20-21 ans.
La première expérience, faite sans aucune évocation de l’hypnose, et à l’aide d’un protocole totalement rigide – pas d’opérateur « s’adaptant » à son sujet – a permis de montrer que sur cet échantillon d’étudiants, 19% étaient capables de transe somnambulique sans aucun entraînement préalable.
Il est très intéressant de constater que cette proportion bondit littéralement, à 62%, lors de la deuxième expérience, faisant explicitement référence à l’hypnose. Même certains des étudiants sceptiques ayant refusé la première expérience (groupe 1) ont pu développer une transe profonde dans la deuxième expérience.
Il semblerait que la première expérience, ayant duré entre 1h et 1h30, ait fait office d’entraînement suffisant pour beaucoup de sujets, au point d’emmener une large proportion d’entre eux en somnambulisme lors de la deuxième expérience 3 mois plus tard. Le côté beaucoup moins directif de la deuxième expérience a peut-être permis aussi à plus de sujets de développer une transe.
En conclusion, on peut dire que la proportion de sujets totalement « naïfs », âgés autour de 20 ans, capables de transe profonde en une séance est estimée à autour de 20% dans cette expérience, avec possibilité d’atteindre quasiment 2/3 avec un entraînement d’1h-1h30.
Un entraînement plus long permettrait sans doute d’accroître encore cette proportion. Selon Erickson, l’entraînement nécessaire peut aller d’une heure à plusieurs dizaines d’heures. La question reste encore à étudier pour des sujets plus âgés, mais l’expérience empirique de la plupart des pratiquants – ainsi que la mienne – semble montrer que la compétence « näive », sans entraînement, décroisse naturellement avec l’âge.
Notes :
* les échelles de susceptibilité à l’hypnose sont basées sur une liste de suggestions, de la plus « simple » (par exemple une lévitation de main), à la plus « complexe » (par exemple une hallucination). On administre les suggestions par ordre croissant de complexité aux sujets, en notant leur réponse et en regardant jusqu’à quel niveau ils arrivent. Le problème avec ce type de protocole est qu’on observe uniquement des réponses explicitement demandées, ce qui laisse toujours la place à la possibilité que la réponse du sujet soit en réalité volontaire ou simulée.
Références :
1 Erickson, M. H., Initial Experiments Investigating the Nature of Hypnosis, The American Journal of Clinical Hypnosis, October 1964, 7, pp. 152-162. Traduction disponible dans le Tome 1 de l’intégrale des articles de Milton Erickson, « De la nature de l’hypnose et de la suggestion », Editions SATAS, pp. 5-22.
2 Janet, P, L’Automatisme Psychologique, Essai de psychologie expérimentale sur les formes inférieures de l’activité humaine, 1889.